Nouvelle par Audrey S. : Du Feu dans les veines

Texte par Audrey S. écrit dans le cadre d’un match d’écriture. Les contraintes étaient d’écrire une nouvelle d’historical fantasy de 550 mots (+/- 10%) en 1h. Le mot “pétrolière” devait apparaitre dans la nouvelle et celle-ci devait révèler un sentiment de tristesse. 

Je me sens vide. Comme morte à nouveau. Moi qui voulais me venger et en finir avec tout ça. Mais je ne vaux pas mieux qu’eux finalement. Sauver cette femme du sort que j’ai moi-même subi aurait pu m’amener la paix. Mais en lisant le journal ce matin, je n’ai ressenti que de la tristesse et de la honte.

Plus de deux cents ans après ma mort, c’est moi qui la sème.

Je me suis réveillée ici, en 1895. Je ne comprenais rien. Plus de Louis XIV, plus de rois d’ailleurs, plus de royauté ; place aux industries pétrolières et à la République. Mais je me suis vite rendu compte que certaines choses n’avaient pas changé.

C’est sans doute pour ça que la force qui nous dirige m’a ramené à la vie à cette époque. Afin que je mette un terme à tout cela. Mais finalement je ne pense pas en être capable…

Dans ma France natale, le scandale de l’affaire Dreyfus faisait beaucoup de bruit, un certain Zola voulait prendre sa défense, toutes ces choses qui ne m’intéressaient pas. Ce ne sont que des affaires d’hommes. Ce qui m’intéressait se passait de l’autre côté de la Manche, en Irlande plus précisément, où une femme allait subir le même sort que moi. Je ne pouvais pas les laisser faire. Alors je me suis rendu à Tipperary.

Ce que j’y ai fait fera de moi une âme tourmentée à jamais.

Une larme glisse de ma joue pour atterrir sur la photo d’une des femmes décédées dans l’incendie. D’après l’article, cette femme était enceinte de six mois.

Qu’ai-je fait…

Quand je suis arrivée à Tipperary, je me suis tout d’abord renseigné sur Bridget et son mari. Et j’ai rapidement compris qu’il avait une maitresse. Il voulait juste se débarrasser de sa femme et pouvoir se remarier.

Tous les journaux parlaient de « La femme sorcière » qui allait être brulée vive le matin de Pâques. Il ne me restait que trois jours. Je ne réfléchissais plus, j’agissais. Rien ne me priverais de ma vengeance. Aucune autre femme ne serait brulée vive, sorcière ou non. Pour commencer je fis évader Bridget Cleary.

Si seulement je m’étais arrêtée là…

Bridget était très reconnaissante, mais désormais elle voulait partir vite et loin. En Amérique sans aucun doute.

Si seulement je l’avais écouté…

Mais le feu qui avait autrefois calciné ma chair, coule désormais dans mes veines.

Je voulais la venger comme j’aurais aimé le faire en 1656.

Mr Cleary voulait du feu ? Il allait en avoir. Le matin de l’exécution, j’apparus devant chez lui. Il vivait, comme je m’en doutais, avec sa maitresse. La vengeance m’aveugla, au point que je lançais le plus grand feu grégois que je pouvais. La maison prit feu instantanément et d’immenses flammes vertes, bleues et violettes léchèrent les murs de pierre de la maison.

Je disparus aussitôt pour ne pas être repérée.

Le journal de ce matin m’a appris que le feu s’était amplifié et avaient gagné les maisons alentours. Au total une trentaine de maisons ont été touchées. Soixante-dix personnes ont péri.

Je suis finalement pire que les hommes qui m’ont menée au bucher. Je suis celle qui a tué des dizaines d’enfants tranquillement endormis dans leur lit. Je suis celle qui a tué leurs mères. Je suis celle qui a tué. Et pour ça je m’en voudrai même dans les ténèbres où je me rends.

Marie Davart replia sa lettre, se leva et se plaça au milieu de la pièce. Elle laissa alors le feu qui coulait dans ses veines la consommer entièrement.

On ne retrouva d’elle que sa lettre et des cendres qui volaient dans la pièce.

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